Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/321

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rapport de la continuité et de la quantité, mais non pas cependant sous le rapport de la qualité. Nature se dit, de plus, de la substance brute, inerte et sans action sur elle-même, dont se compose ou dont est fait un être physique. Ainsi, l’airain est la nature de la statue et des objets d’airain, et le bois celle des objets de bois ; de même pour les autres êtres : c’est cela, c’est cette matière première et persistante qui constitue chacun d’eux. Par suite de cette considération, nature s’entend aussi des éléments des choses naturelles : ainsi s’expriment et ceux qui admettent pour élément ou le feu, ou la terre, ou l’air, ou l’eau, ou quelque principe analogue, et ceux qui admettent plusieurs de ces éléments, ou tous ces éléments à la fois. Sous un autre point de vue enfin la nature c’est l’essence des choses naturelles. Telle est l’acception que lui donnent ceux qui disent que la nature est la composition primitive, ou, avec Empédocle,


……qu’aucun être n’a réellement une nature,
Mais que le mélange, et la séparation des choses mélangées,
Voilà tout ce qu’il y a, et que c’est-là ce que les hommes appellent nature[1].


C’est pour cela, selon eux, que de tout objet qui est naturellement, ou qui déjà devient, et qui possède en soi le principe naturel du devenir ou de l’être, nous ne disons pas qu’il a une nature, quand il n’a pas encore, d’essence et de forme. C’est donc la réunion de l’essence et de la matière qui est la nature des


  1. Sturtz, Empedoclis carmina, p. 517.