Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/344

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faut bien qu’il y ait maintenant en lui quelque disposition, cause et principe d’une semblable modification. Ainsi, on dit dans un sens qu’un objet est puissant en vertu de ses propriétés, dans un autre sens qu’il "est puissant par la privation de certaines propriétés. Mais si la privation est elle-même une sorte de propriété, on sera puissant toujours en vertu d’une propriété particulière.

Il en est de même de l’être en général : il est puissant parce qu’il a certaines propriétés, certains principes ; il l’est aussi par la privation de ces propriétés, si la privation est elle-même une propriété. Il est puissant dans un autre sens en ce que le pouvoir de le détruire ne se rencontre ni dans un autre être, ni dans lui-même en tant qu’autre. Enfin, toutes ces expressions signifient qu’une chose peut arriver ou ne pas arriver, ou qu’elle peut se bien faire. De ce dernier genre est la puissance des êtres inanimés, des instruments : c’est à cette condition du bien, qu’on dit d’une lyre qu’elle peut rendre des sons ; on dit d’une autre qu’elle ne le peut pas, lorsqu’elle n’a pas des sons harmonieux.

L’Impuissance[1] est la privation de la puissance, le manque d’un principe comme celui que nous venons de signaler, manque absolu, ou manque pour un être qui devrait naturellement le posséder, ou bien encore à l’époque où il serait dans sa nature de le posséder. On ne dit point au même titre que l’enfant et l’eunuque sont impuissants à engendrer. De plus, à chaque


  1. Ἀδυναμία