Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/437

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de la doctrine péripatéticienne. Or, dans tout l’ouvrage, il n’est pas une seule fois fait mention de l’opinion d’Alexandre. On ne saurait donc rapporter la composition du commentaire à quelque Grec des temps postérieurs : il faudrait qu’il eût ignoré les ouvrages d’Alexandre. On ne peut pas davantage en faire honneur à un écrivain plus ancien, cela est évident, puisque dans le sixième livre[1] l’auteur nomme Alexandre d’Aphrodisée le philosophe, c’est-à-dire se nomme lui-même. C’est-là sans doute, c’est ce nom, je le pense du moine, qui a été la cause de l’erreur que nous combattons. Ainsi, quelque Grec à la tête légère (Græculum quempiam leviculum) qui copiait cet ouvrage sans en comprendre, peut-être, ni le sens ni les doctrines, se sera aperçu que souvent, dans cette partie aujourd’hui contestée ; on rencontrait le nom d’Alexandre, et que le sixième livre faisait particulièrement mention d’Alexandre d’Aphrodisée le philosophe ; et sans examiner ce que signifiaient ces mots, cet homme en aura tiré la conclusion que tout le reste de l’ouvrage n’était pas d’Alexandre, et aura proclamé comme une vérité que cette partie n’était point authentique. Or, quiconque sans un propos délibéré de se refuser obstinément à l’évidence, examinera ces mots, et saura ce qu’ils veulent dire, ne conservera pas le moindre doute à ce sujet…

« Quand un point de doctrine présente quelque obscurité, les Péripatéticiens prennent ordinairement pour exemple le nom de quelque philosophe connu. S’agit-il de l’individu, de ses parties, ils diront : Socrate, Platon, ou : la matière, la forme de Socrate, la matière, la forme de Platon. Ce sont là les exemples familiers des autres commentateurs ; les expressions d’Alexandre sont souvent : moi, et Alexandre. Ainsi, il dit : ma forme, ma matière, et dans d’autres cas analogues : la matière d’Alexandre, la forme d’Alexandre. Il atteste donc qu’il est lui-même Alexandre. Et pour qu’on ne s’y trompe pas,

  1. Le septième, d’après la manière de compter des Latins, « Cum enim Alexander sit gracilis, philosophus, albus, Aphrodisieus illud gracile, et philosoplium, et album, etc. » Alex. Sepulv., p. 214.