Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/55

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n’en a pas fait une science dans la vraie acception du mot. Sous ce rapport comme sous tant d’autres, Aristote avait donné un exemple utile à suivre, il avait tracé la route à laquelle on devait revenir tôt ou tard.

Pour lui la philosophie est la science de l’être en général et de ses principes, non point de l’être dans telle circonstance donnée, de l’être physique ou de l’être mathématique, mais de l’être en tant qu’être. Les sciences particulières, la physique, les mathématiques, et en général toutes les sciences intellectuelles ont des principes plus ou moins rigoureux ; mais elles n’embrassent qu’un objet, qu’un genre déterminé ; elles n’entrent dans aucune considération sur l’être proprement dit, ni sur l’essence. Les unes partent de l’être sans l’étudier en lui-même ; les autres admettent tout d’abord la forme déterminée comme une propriété du genre dont elles s’occupent, mais elles ne disent rien de l’existence ou de la non-existence de ce genre. La physique est la science des êtres matériels en tant qu’ils sont en mouvement ou peuvent recevoir le mouvement ; elle serait la science première, s’il n’y avait d’autres êtres que ceux-là ; mais il y a des êtres immobiles, et la science qui les étudie a nécessairement la priorité. La science la plus élevée à tous les titres, est celle qui porte sur des objets immobiles et éternels. Les mathématiques ne peuvent pas prétendre à ce titre ; les êtres qu’elles embrassent sont immobiles à la vérité, mais ils ne sont point séparés de la matière, ils sont dans la matière ; l’être premier, l’être absolu, est non-seulement immobile, il est in-