Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/60

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nées, il ne reste plus qu’à montrer sa possibilité, à lui donner une base solide, c’est-à-dire à poser un principe incontestable, qui puisse, a priori, légitimer tous ses résultats ; ce principe, c’est, selon Aristote, le principe de contradiction.

Une des choses les plus incontestables aux yeux du sens commun, c’est que l’homme, dans l’exercice de ses facultés intellectuelles, peut arriver à des connaissances réelles, absolues, qui ne sont point uniquement relatives à lui-même, à sa manière de voir, mais qui répondent à quelque point de la vérité. Il y a une correspondance intime entre l’homme et la nature ; l’intelligence humaine est un miroir où vient se peindre, confusément quelquefois, mais souvent aussi dans son plus vif éclat, la vérité éternelle. Telle a été du moins dans tous les temps l’opinion de l’humanité. Les philosophes cependant ne se sont point toujours rendus à l’évidence de ce principe. Il en est qui, de bonne foi, ou par esprit de sophisme, ont révoqué en doute le témoignage de nos facultés ; ils ont subjectivé, si l’on nous passe l’expression, la connaissance humaine, et, confondant la vérité et l’erreur, ils ont prétendu condamner l’homme à l’absolue ignorance, ou du moins, lui fermant tout accès à la vérité absolue, ils l’ont réduit à une connaissance passagère, changeante, périssable comme l’humanité. Dans une sphère étroite, lorsqu’il ne s’agit que des données des sens, de pareils systèmes ne sauraient être dangereux ; peu importe que vous prétendiez que telle saveur est à la fois douce et amère, que le miel n’a en lui-même aucune saveur agréable ni désagréable ; chacun n’en continuera pas