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MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.

à ajouter, à retrancher, à changer, la matière sera la maison en puissance. Il en sera de même encore pour tous les êtres qui ont en dehors d’eux-mêmes le principe de leur production, et pour ceux qui, ayant en eux ce principe, existeront par eux-mêmes si rien d’extérieur ne s’y oppose. Le sperme n’est point encore l’homme en puissance : il faut qu’il soit dans un autre être et qu’il subisse un changement. Lorsque déjà, en vertu de l’action de son propre principe, il aura ce caractère, lorsqu’il aura enfin la propriété de produire si rien d’extérieur ne s’y oppose, alors il sera l’homme en puissance ; mais il faut pour cela l’action d’un autre principe. Ainsi la terre n’est pas encore la statue en puissance ; il faut qu’elle se change en airain, pour avoir ce caractère.

L’être qui contient un autre être en puissance est celui duquel on dit non point, qu’il est cela[1], mais qu’il est de cela[2] : un coffre n’est pas bois, mais de bois ; le bois n’est pas terre, mais de terre. S’il en est ainsi, si la matière qui contient un être en puissance est celle relativement à laquelle on dit : cet être est non pas cet autre, mais de cet autre, la terre ne contiendra l’être, en puissance, que d’une manière secondaire : ainsi on ne dit point que le coffre est de terre ou qu’il est terre, mais qu’il est de bois ; car c’est le bois qui est le coffre en puissance : le bois en général est la matière du coffre en général ; tel bois est la matière de tel coffre. S’il y a quelque chose de premier, quel-

  1. Τόδε.
  2. Ἐϰείνινον.