Il faut donc de toute nécessité que la notion précède ; toute connaissance doit s’appuyer sur une connaissance[1].
Voici, sous le rapport du temps, comment il faut entendre l’antériorité : l’être qui agit est antérieur génériquement, mais non point quant au nombre ; la matière, la semence, la faculté de voir, sont antérieures, sous le rapport du temps, à cet homme qui est actuellement en acte, au froment, au cheval, à la vision ; elles sont, en puissance, l’homme, le froment, la vision, mais elles ne les sont pas en acte. Ces puissances viennent elles-mêmes d’autres êtres, lesquels sous le rapport du temps sont en acte antérieurement à elles ; car il faut toujours que l’acte provienne de la puissance, par l’action d’un être qui existe en acte : ainsi, l’homme vient de l’homme, le musicien se forme sous le musicien ; il y a toujours un premier moteur, et le premier moteur existe déjà en acte.
Nous avons dit, en parlant de la substance[2], que tout ce qui est produit vient de quelque chose, est produit par quelque chose ; et que l’être produit est de même espèce que le moteur. Aussi est-il impossible, ce semble, d’être constructeur sans avoir jamais rien construit ; joueur de flûte sans avoir joué, car c’est en jouant de la flûte qu’on apprend à en jouer. De même pour tous les autres cas. Et de là cet argument sophistique, Que celui qui ne connaît pas une science fera donc les choses qui sont l’objet de cette