Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/113

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n’y a qu’un exercice ; la spéculation pure n’a pas pour objet la satisfaction de nos besoins[1]. De même aussi la matière proprement dite est une puissance, parce qu’elle est susceptible de recevoir une forme ; lorsqu’elle est en acte, alors elle possède la forme. De même enfin pour les autres cas ; de même pour les choses dont le but est un mouvement. Il en est de la nature comme des maîtres, lesquels pensent avoir atteint le but, lorsqu’ils ont montré leurs élèves à l’œuvre. Et en effet, s’il n’en était pas ainsi, on pourrait comparer leurs élèves à l’Hermès de Pason ; on ne reconnaîtrait point s’ils ont ou non la science, pas plus qu’on ne pouvait reconnaître si l’Hermès était en dedans ou en dehors de la pierre[2]. L’œuvre, c’est le but, et l’action, c’est l’œuvre. Voilà pourquoi le mot action s’applique à l’œuvre, et pourquoi l’action est un acheminement à l’acte.

Ajoutons que la fin de certaines choses est simplement l’exercice : la fin de la vue, c’est la vision, et la vue ne produit absolument rien autre chose que la vision ; dans d’autres cas au contraire autre chose est

  1. Nous avons suivi, pour l’interprétation de cette phrase, fort obscure dans l’original, les indications de St. Thomas fol. 121, b : « Scilicet scientiam speculativam, ut speculentur. Non autem speculantur ut habeant theoreticam, nisi addiscentes (Arist. οἱ μελετῶντες), qui meditantur ea quæ sunt scientiæ speculativæ, ut acquirant eam. Et hi non perfecte speculantur, sed quodam modo, et imperfecte, ut supra dictum est (voyez liv. I, 2, t.1, p. 7 sqq.) : quia speculari non est propter aliquam indigentiam, sed scientia jam habita, uti. Discentium autem speculatio est, quia indigent acquirere scientiam. »
  2. Voyez la note à la fin du volume.