Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/117

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soi, un objet en mouvement serait bien plus en mouvement que le mouvement en soi ; car l’un serait l’acte, et l’autre est seulement la puissance. Il est donc évident que l’acte est antérieur à la puissance, et à tout principe de changement.


IX.

Il est évident, d’après cela, que l’actualité du bien est préférable à la puissance du bien, et qu’elle est plus digne de nos respects. Chez tous les êtres dont on dit qu’ils peuvent, le même être peut les contraires. Celui dont on dit, par exemple : il peut être en bonne santé, celui-là même peut être malade, et cela, en même temps qu’il peut être en bonne santé. La même puissance produit la santé et la maladie ; la même le repos et le mouvement ; c’est la même puissance qui construit la maison et qui la détruit, et c’est en vertu de la même puissance que la maison est construite et qu’elle est détruite. C’est donc simultanément que le pouvoir des contraires réside dans les êtres ; mais il est impossible que les contraires existent simultanément, impossible qu’il y ait simultanéité dans les actes divers, qu’il y ait à la fois, par exemple, santé et maladie[1]. Donc le bien en acte est nécessairement l’un des deux contraires. Or, ou la puissance

  1. Liv. IV, 3 sqq., t. I, p. 114 sqq.