Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parce que en effet tu es blanc, qu’en disant que tu l’es nous disons la vérité[1].

Il est des choses qui sont éternellement réunies, et leur séparation est impossible ; d’autres sont éternellement séparées, et il est impossible de les réunir ; d’autres enfin admettent les états contraires. Alors, être, c’est être réuni, c’est être un ; n’être pas, c’est être séparé, être plusieurs. Quand il s’agit des choses qui admettent les états contraires, la même pensée, la même proposition, devient successivement fausse et vraie, et l’on peut être tantôt dans le vrai, tantôt dans le faux. Mais quand il s’agit des choses qui ne sauraient être autrement qu’elles ne sont, il n’y a plus tantôt vérité, tantôt fausseté : ces choses sont éternellement vraies ou fausses.

Mais qu’est-ce que l’être ou le non-être, qu’est-ce que le vrai ou le faux dans les choses qui ne sont pas composées ? Là, sans nul doute, l’être ce n’est pas la composition ; ce n’est pas lorsqu’elles sont composées, que les choses sont, lorsqu’elles ne sont pas composées qu’elles ne sont pas ; comme le bois est blanc, comme le rapport de la diagonale au côté du carré est incommensurable. Le vrai et le faux sont-ils donc dans ces choses ce qu’ils sont dans les autres ? ou bien plutôt la vérité, et l’être ainsi que la vérité, ne sont-ils pas ici différents de ce qu’ils sont ailleurs ? Or, voici ce que c’est que le vrai, et voici ce que c’est que le faux

  1. Aristote montre nettement dans le De Interpretatione, chap. 9, Bekk, p. 18,19, que ce ne sont point les propositions énoncées par nous qui constituent la vérité ou la fausseté des choses.