Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/136

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ment un et non-un de ce qui peut être par sa nature être et un. Telle est l’opposition de l’hétérogénéité et de l’identité.

L’hétérogénéité et la différence ne sont point la même chose : pour deux êtres qui sont hétérogènes entre eux, l’hétérogénéité ne porte pas sur quelque caractère commun ; car tout ce qui est, est ou hétérogène ou identique. Mais ce qui diffère de quelque chose, en diffère par quelque point ; de sorte, qu’il faut nécessairement que ce dans quoi ils différent soit identique. Ce quelque chose identique, c’est le genre, ou l’espèce ; car tout ce qui diffère, diffère de genre ou d’espèce : de genre, s’il n’y a pas matière commune et production réciproque ; comme sont les objets qui appartiennent à des catégories différentes. Les choses qui diffèrent d’espèce sont celles qui sont du même genre. Le genre, c’est ce par quoi sont identiques deux choses qui différent quant à l’essence. Les contraires sont différents entre eux, et la contrariété est une sorte de différence. L’induction prouve l’exactitude de ce principe que nous avions avancé. Dans tous les contraires, il y a, en effet, ce me semble, différence, et non pas seulement hétérogénéité. Il en est qui différent de genre ; mais d’autres sont compris dans la même série de l’attribution[1] ; de sorte qu’ils sont

  1. Ἐν τῇ αὐτῇ συστοιχίᾳ τῆς κατηγορίας. Les catégories se divisent en deux séries, συστοιχίαι, la série positive et la négative. Les contraires peuvent appartenir l’un et l’autre, dans les catégories où ils se trouvent, soit à la série positive, soit à la série négative. Un homme d’une haute taille et un nain sont le contraire l’un de l’autre : mais ils sont dans la même série de l’attribution ; ils sont identiques sous le rapport du genre et de l’espèce.