Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/139

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pouvons pas établir d’autres différences ; et il a été démontré qu’il n’y a pas de contrariété entre les êtres qui n’appartiennent pas au même genre. Or, la différence de genre est la plus grande de toutes les différences. Les choses qui diffèrent le plus dans le même genre sont contraires, car leur différence parfaite est la différence la plus grande. De même aussi les choses qui dans un même sujet diffèrent le plus sont contraires ; car, dans ce cas, la matière des contraires est la même. Les choses qui, soumises à un même pouvoir, diffèrent le plus, sont aussi contraires ; en effet, une seule et même science embrasse tout un genre, et dans le genre il y a des objets que sépare la différence parfaite, la différence la plus grande.

La contrariété première est celle de la possession et de la privation[1] ; non pas toute privation, car la privation s’entend de plusieurs manières[2], mais la privation parfaite. Tous les autres contraires seront dits contraires d’après ceux-là, ou parce qu’ils les possèdent, ou parce qu’ils les produisent, qu’ils sont produits par eux, enfin, parce qu’ils admettent ou repoussent ces contraires ou d’autres contraires.

L’opposition comprend la contradiction, la privation, la contrariété, la relation ; or, l’opposition première est la contradiction, et il ne peut y avoir d’intermédiaire entre l’affirmation et la négation[3], tandis que les contraires admettent des intermédiaires ; il est

  1. Ἕξις καὶ στέρησις.
  2. Voyez V, 22, t. I, p. 193, 194.
  3. Voyez le De Interpretatione. chap. 12. Bekk., p. 21, 22.