Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/140

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donc évident qu’il n’y a pas identité entre la contradiction et la contrariété. Quant à la privation, elle forme, avec la possession, une sorte de contradiction. On dit qu’il y a privation pour un être, lorsqu’il est dans l’impossibilité absolue de posséder, ou lorsqu’il ne possède pas ce qu’il est dans sa nature de posséder. La privation est ou absolue, ou privation de tel genre déterminé. Car privation se prend dans divers sens, comme nous l’avons établi ailleurs[1]. La privation est donc une sorte de négation ; c’est ou en général une impuissance déterminée, ou bien cette impuissance dans un sujet. C’est là ce qui fait qu’entre la négation et l’affirmation il n’y a pas d’intermédiaire, tandis que, dans certains cas, il y a intermédiaire entre la privation et la possession. Tout est égal ou non-égal, mais tout n’est pas égal ou inégal, sinon dans les choses susceptibles d’égalité.

Si les productions, dans un sujet matériel, sont le passage du contraire au contraire (et, en effet, elles viennent de la forme, de la réalisation de la forme, ou bien de quelque privation de la forme et de la figure[2]), il est évident alors que toute contrariété sera une privation ; mais toute privation n’est probablement pas une contrariété. La cause en est que ce qui est privé peut être privé de plusieurs manières, tandis qu’on ne donne le nom de contraires qu’aux termes extrêmes d’où provient le changement. On peut, du reste, l’établir par l’induction. Dans toute contra-

  1. Ἐν ἄλλοις. Liv. V, 22, etc.
  2. Voyez le De generatione et corruptione, I, 3. Bekk., p. 317 sqq.