Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/147

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de : et en petitesse, il fallait dire : et en petit nombre ; et alors il aurait vu qu’il n’y avait pas infinité, car le peu, ce n’est pas, comme quelques-uns le prétendent, l’unité, mais la dyade.

Voici en quoi consiste l’opposition[1]. L’unité et la multitude sont opposées dans les nombres ; l’unité est opposée à la multitude, comme la mesure à ce qui est mesurable. D’autres choses sont opposées par relation ; ce sont celles qui ne sont pas relatives essentiellement. Nous avons vu ailleurs[2] qu’il pouvait y avoir relation de deux manières : relation des contraires entre eux, et relation de la science à son objet : une chose dans ce cas, est dite relative, en tant qu’on lui rapporte autre chose.

Rien n’empêche, toutefois, que l’unité ne soit plus petite que quelque chose, par exemple que deux. Une chose n’est pas peu, pour être plus petite. Quant à la multitude, elle est comme le genre du nombre : le nombre est une multitude mesurable par l’unité[3]. L’unité et le nombre sont opposés, non point à titre, de contraires, mais comme nous avons dit que l’étaient certaines choses qui sont en relation : ils sont opposés comme étant, l’un la mesure, l’autre ce qui peut être

  1. Cette phrase, bien qu’utile au sens, à ce qu’il semble, manque chez les traducteurs latins, et chez les nouveaux éditeurs, et le traducteur allemand : nous avons cru devoir la conserver.
  2. C’est encore le Ve livre qu’Aristote désigne ainsi. Voyez liv. V, 15, t. I, 134 sqq.
  3. Aristote dit plus bas, au livre XIV, 1, que le nombre est une multitude mesurée et une multitude de mesures, πλῆθος μεμετρημένον καὶ πλῆθος μέτρων.