Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/170

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intermédiaire entre les contraires, entre le juste et l’injuste, par exemple ? Dans tous les cas, il faut dire qu’il n’y a pas, pour l’intermédiaire, privation complète de chacun des extrêmes ; cela n’a lieu que pour les extrêmes entre eux. Si, par exemple, l’homme juste est celui qui se conforme aux lois en vertu d’une certaine disposition de sa nature[1], il n’y aura pas, pour l’homme non-juste[2] privation complète de tout ce qui est compris dans la définition du juste. S’il manque par quelque point à l’obéissance due aux lois, il y aura pour lui privation sous ce rapport. Il en sera de même pour tout le reste. De même donc que le mathématicien opère sur de pures abstractions ; car il examine les objets dépouillés de tous leurs caractères sensibles, tels que le poids, la légèreté, la dureté et son contraire, ainsi que la chaleur, le froid, et tous les autres caractères sensibles opposés deux à deux ; il ne leur laisse que la quantité et la continuité dans une seule, dans deux, dans trois directions, et les modes de la quantité et du continu en tant que quantité et continu, et ne les étudie point sous d’autres rapports ; il examine tantôt leurs positions relatives et ce qui suit de leurs positions, tantôt leur commensurabilité et leur incommensurabilité, tantôt leur pro-

  1. 1 Aritote, disent les anciens commentateurs, a ajouté cette condition, parce qu’il est possible qu’on soit forcé violemment à faire ce qui est juste, auquel cas l’action est sans mérite.
  2. Ὁ ἄδικος. — Alexandre, Schol., p. 794 ; Sepulv., p. 268 : λέγων ἄδικον τὸν μήτε δίκαιον μήτε ἄδικον, ἀλλὰ τὸν μέσον ὄντα δικαίου καὶ ἀδίκου. L’expression non-juste est la négation du juste, mais non l’affirmation de l’injustice ; c’est le moyen terme dont parle Alexandre.