Aller au contenu

Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI.

Ce que dit Protagoras ne diffère guère de ce qui précède[1] : en effet, Protagoras prétendait que l’homme est la mesure de toutes choses, ce qui veut dire simplement que toute chose est en réalité telle qu’elle paraît à chacun. S’il en est ainsi, il en résulte que la même chose est et n’est pas, est à la fois bonne et mauvaise, et que toutes les autres affirmations opposées sont également vraies, puisque souvent la même chose paraît bonne à ceux-ci, à ceux-là mauvaise, et que ce qui paraît à chacun est la mesure des choses.

Pour résoudre cette difficulté, il suffit d’examiner quel a pu être le principe d’une pareille doctrine. Quelques-uns semblent y être arrivés pour avoir adopté le système des physiciens ; pour les autres elle est née de ce que tous les hommes ne portent pas le même jugement sur les mêmes choses, et que telle saveur qui paraît douce aux uns, paraît aux autres avoir la qualité opposée. Un point de doctrine commun à presque tous les physiciens, c’est que rien ne vient du non-être, et que tout vient de l’être. Le non-blanc, il est vrai, vient de ce qui est complètement blanc, de ce qui n’est nulle part non-blanc. Mais lors-

  1. Voyez liv. IV, 5, t.1, p. 128 sqq.