Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/186

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de l’être accidentel ne sont pas du même genre que les causes et les principes de l’être en soi. Sans cela tout serait nécessaire. En effet, si, telle chose existant, telle autre chose existe, et que celle-là existe aussi telle autre existant, et qu’il en soit ainsi non pas selon les circonstances mais nécessairement, l’effet produit nécessairement doit être lui-même nécessaire ; et l’on arrive ainsi jusqu’au dernier effet. Or, ce dernier effet, c’est l’accident. Tout serait donc alors nécessaire ; et c’est là la suppression absolue de l’action des circonstances sur les êtres qui deviennent, et de leur possibilité de devenir et de ne devenir pas : conséquence à laquelle on arrive encore, même en supposant que la cause n’est pas, mais devient. Car alors tout deviendra nécessairement. Il y aura demain une éclipse, si telle chose a lieu, et telle chose aura lieu à condition qu’une autre aura lieu elle-même, laquelle deviendra à une autre condition encore. Et si, d’un temps limité, si de ce temps qui sépare demain de l’instant actuel, on retranche sans cesse du temps, comme nous venons de faire, on finira par arriver à ce qui est présentement. Par conséquent, l’existence de ce qui est présentement entraînera nécessairement la production de tout ce qui devra suivre ; par conséquent, tout devient nécessairement.

Pour l’être qui signifie le vrai et non plus l’accident, il consiste uniquement dans ce que la pensée affirme ou nie du sujet ; il est une modification de la pensée même ; aussi ne cherche-t-on pas les principes de cet être, mais ceux de l’être extérieur et indépendant. Quant à l’autre être, je veux dire l’être accidentel, c’est ce qui n’est pas nécessaire, c’est l’indéterminé.