Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/187

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Or, il n’y a aucun ordre dans les causes de l’être accidentel, et d’ailleurs elles sont en nombre infini : tandis que la cause finale est le fondement de tout ce qui se produit dans la nature, ou provient de la pensée.

Le hasard[1], c’est toute production accidentelle soit de la nature, soit de la pensée. Le même rapport qu’il y a entre l’être en soi et l’être accidentel, existe aussi entre les causes de ces êtres. Le hasard est la cause accidentelle de ce qui se fait par intention et dans un certain but. Le hasard et ! a pensée se rapportent donc au même objet, n’y ayant pas de choix sans pensée. Mais les causes qui produisent les effets attribués au hasard sont indéterminées ; d’où il suit que le hasard est impénétrable à la raison humaine, qu’il n’est qu’une cause accidentelle, ou pour mieux dire, qu’il n’est cause de rien. Un heureux, un fâcheux hasard[2], c’est l’arrivée d’un bien ou d’un mal ; de grands biens ou de grands maux, voilà la prospérité et l’adversité.

De même que nul être accidentel n’est antérieur à un être en soi, de même il y a postériorité pour les causes de l’être accidentel. Admît-on que le ciel a pour cause le hasard ou un concours fortuit, il y aurait encore une cause antérieure, c’est l’intelligence et la nature.

  1. Τύχη. Voyez Phys. auscult., II, 4, 5, 6 ; Bekker, p. 195 sqq.
  2. Εὐτυχία, δυστυχία.