Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/195

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et simple, ni, comme quelques-uns le prétendent, quelque chose en dehors des éléments, et d’où proviennent les éléments. Il n’existe pas de pareil corps en dehors des éléments, car tous les corps se résolvent, et voilà tout, dans les éléments d’où ils proviennent. Évidemment il n’y a pas, en dehors des corps simples, un élément tel que celui-là, le feu, par exemple, ou tout autre élément ; car il faudrait qu’il fût infini, pour que le tout, même fini, pût être ou devenir cet élément, comme dans le cas dont parle Héraclite. Le tout, dit-il, devient feu dans certaines circonstances[1].

Même raisonnement pour cette unité que les physiciens placent en dehors des éléments. Tout changement se fait du contraire au contraire, du froid au chaud, par exemple. Puis, le corps sensible occupe un lieu déterminé, et c’est le même lieu qui contient le tout et ses parties : le tout et les parties de la terre sont dans le même lieu. Si donc le tout est homogène, ou il sera immobile, ou bien il aura un perpétuel mouvement. Mais la dernière supposition est impossible. Pourquoi irait-il en haut plutôt qu’en bas, ou dans une direction quelconque ? Si le tout était une masse de terre, par exemple, dans quel endroit pourrait-elle se mouvoir ou rester immobile ? Le lieu que cette masse occupe, le lieu de ce corps infini est infini ; elle le remplirait donc tout entier. Et comment

  1. Il faut, en effet, pour arriver à ce résultat, que l’élément qui absorbe en lui tous les autres soit d’une autre nature qu’eux, et comme dit St. Thomas, qu’il l’emporte infiniment en force et en puissance. L’être fini ne disparaît complètement qu’au sein d’un être infini.