Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/212

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Démocrite : Tout était à la fois en puissance, mais non pas en acte. Ces philosophes ont donc quelque idée de ce que c’est que la matière.

Tout ce qui change a une matière ; mais il y a des différences. Ceux des êtres éternels qui, sans être soumis aux lois de la production, sont pourtant susceptibles d’être mis en mouvement ont une matière, mais une matière différente : cette matière n’a point été produite, elle est seulement sujette au changement de lieu.

On pourrait se demander de quel non-être proviennent les êtres, car le non-être a trois acceptions[1]. S’il y a réellement l’être en puissance, c’est de lui que proviennent les êtres ; non pas de tout être en puissance quel qu’il soit, mais tel être en acte de tel être en puissance. Il ne suffit pas de dire que toutes les choses existaient ensemble ; car elles différent par la matière. Pourquoi sans cela se serait-il produit une infinité d’êtres, et non un être unique ? L’intelligence, dans ce système, est unique ; si donc il n’y avait qu’une matière, il n’en serait sorti en acte que ce dont elle eût été la matière en puissance.

Ainsi il y a trois causes, trois principes : deux constituent la contrariété, d’un côté la notion substantielle et la forme, de l’autre, la privation ; le troisième principe est la matière.

  1. « Ces trois formes du non-être sont : le faux, le néant, ce qui est en puissance. » Note de M. Cousin.