Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/23

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est l’essence même de chaque être. Dans les êtres accidentels la forme substantielle paraît différer de l’être même : homme blanc diffère de la forme substantielle d’homme blanc. S’il y avait identité, il y aurait identité aussi entre la forme substantielle d’homme et la forme substantielle d’homme blanc ; car homme et homme blanc, c’est pour nous la même chose ; d’où il suivrait qu’il n’y a pas de différence entre la forme substantielle d’homme blanc et la forme substantielle d’homme. Admettrons-nous donc que pour tous les êtres accidentels l’être et la forme ne sont pas nécessairement la même chose ? Sans nul doute. Les termes comparés[1], en effet, ne sont pas identiques. Peut-être dira-t-on qu’il peut se faire accidentellement qu’ils soient identiques ; par exemple s’il s’agit de la forme substantielle de blanc, de la forme substantielle de musicien. Mais il n’en est pas ainsi, ce semble.

Quant aux êtres en soi, y a-t-il nécessairement identité entre l’être et la forme substantielle ? dans le cas, par exemple, des substances premières, s’il en existe, substances sur lesquelles aucune autre substance, aucune autre nature n’aurait l’antériorité, comme sont les idées selon quelques philosophes ? Si l’on admet l’existence des idées, alors le bien en soi diffère de la forme substantielle du bien, l’animal en soi de la forme de l’animal, l’être en soi de la forme substantielle de

  1. Τὰ ἄϰρα. Extrema dicens prædicatos terminos. Philopon, fol. 27, a. L’expression du traducteur de Philopon est trop absolue : des deux termes comparés il n’y en a qu’un qui renferme un sujet et un attribut, qui soit, pour parler comme Patrizzi, un prædicatus terminus.