Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/24

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l’être, alors il doit y avoir des substances, des matières, des idées, en dehors des formes en question, et ces substances leur sont antérieures, puisque la forme est rapportée à la substance. Que si l’on sépare ainsi l’être de la forme, il n’y aura plus de science possible de l’être, et les formes de leur côté ne seront plus des êtres : et, par séparation, j’entends que dans l’être bon ne se trouve plus la forme substantielle du bien, ou que dans la forme substantielle il n’y ait pas l’être bon. Il n’y a pas science, dis-je ; car la science de chaque être c’est la connaissance de la forme substantielle de cet être. Ceci s’applique au bien et à tous les autres êtres ; de sorte que, si le bon ne se trouve point uni à la forme substantielle du bien, l’être ne sera point uni non plus à la forme substantielle de l’être, l’unité à la forme substantielle de l’unité. Mais de plus, ou bien la forme substantielle est identique à l’être pour toutes les idées, ou elle ne lui est identique pour aucune ; de sorte que si la forme substantielle d’être n’est pas l’être, il en sera de même pour tout le reste. Joignons à cela que ce qui n’a point la forme substantielle du bien n’est pas bon. Il faut donc nécessairement que le bien et la forme substantielle du bien soient une seule et même chose ; qu’il y ait identité entre le beau et la forme substantielle du beau, et qu’il en soit de même pour tous les êtres qui ne sont point attributs d’une autre chose, mais qui sont premiers et en soi. Et cette conclusion est légitime, soit qu’il y ait, ou qu’il n’y ait pas des idées, mais plus peut-être s’il y a des idées.

Il est évident encore que si les idées sont telles que le prétendent certains philosophes, le sujet de l’être