Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/28

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tes les créations sont des effets ou d’un art, ou d’une puissance, ou de la pensée. Quelques-unes aussi proviennent du hasard, de la fortune : ce sont, pour ainsi dire, des productions collatérales[1]. Il y a, par exemple, dans la nature, des êtres qui se produisent également et au moyen d’une semence, et sans semence[2]. Nous nous occuperons plus bas des productions du hasard.

Les productions de l’art sont celles dont la forme est dans l’esprit ; et par forme j’entends l’essence de chaque chose, sa substance première. Les contraires ont, sous un point de vue, la même forme substantielle ; la substance de la privation, c’est la substance opposée à la privation, la santé est la substance de la maladie : en effet, la déclaration de la maladie n’est que l’absence de la santé. Et la santé, c’est l’idée même qui est dans l’âme, la notion scientifique ; la santé vient d’une pensée comme celle-ci : La santé est telle chose ; donc il faut, si l’on veut la produire, qu’il y ait telle autre chose, par exemple l’équilibre des différentes parties ; or, pour produire cet équilibre, il faut la chaleur. Et l’on arrive ainsi successivement par la pensée à une dernière chose qu’on peut immédiatement produire. Le mouvement qui réalise cette chose se nomme opération, opération en vue de la santé. De sorte que sous un point de vue la santé vient de la santé, la maison de la maison, la maison

  1. Παραπλησίως
  2. Il y a quelquefois aussi, selon Aristote, du hasard dans les choses de l’art. Voyez un peu plus bas.