Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/27

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cause, un sujet, puis un être produit, et par être j’entends, ici tous les modes de l’être, essence, quantité, qualité, lieu[1]. Les productions naturelles sont celles des êtres qui proviennent de la nature. Ce dont un être provient, c’est ce qu’on appelle la matière ; ce par quoi une chose est produite est un être naturel. L’être produit, c’est ou un homme, ou une plante, ou quelqu’un des êtres de ce genre, auxquels nous donnons surtout le nom de substances. Tous les êtres qui proviennent de la nature ou de l’art, ont une matière ; car tous, ils peuvent être ou ne pas être, et cette possibilité tient à la matière qui est dans chacun d’eux. En général, et la cause productrice des êtres et les êtres produits s’appellent nature[2], car les êtres qui sont produits, la plante, l’animal, par exemple, ont une nature, et la cause productrice a, sous le rapport de la forme, une nature semblable à celle des êtres produits ; seulement cette nature se trouve dans un autre être : c’est un homme qui produit un homme. C’est ainsi qu’arrivent à l’existence les productions de la nature.

Les autres productions s’appellent créations[3]. Tou-

  1. Évidemment Aristote ne veut pas dire que ce qui est produit puisse être un lieu. Il parle seulement de l’être selon la catégorie du lieu. La production dont il s’agit n’est pas autre chose que la production d’un être dans un lieu déterminé.
  2. Voyez liv. V ; 4, t. I, p. 155 sqq.
  3. Ποίησεις. Voyez liv. VI, 1, t. I, p. 209-210. Nous avons préféré le mot création à tout autre, parce qu’il est le seul qui réponde assez au sens de l’expression grecque : bien entendu, en n’attachant pas à ce mot l’idée chrétienne tirer du néant, et sous la réserve de l’axiome antique ex nihilo nihil fit. On dit en français les créations de l’art, de l’esprit, etc.