Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/316

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Parmi ceux qui admettent que les principes des êtres sont des substances immobiles, quelques-uns avancèrent que l’unité en soi est le bien en soi ; cependant ils pensaient que son essence était surtout l’unité en soi. La difficulté, la voici : Est-ce l’unité qui est principe, est-ce le bien ? Or, il serait étonnant, s’il y a un être premier, éternel, si avant tout il se suffit à lui-même, il serait étonnant que ce ne fût pas le bien qui constituât ce privilège, cette indépendance. Car cet être n’est impérissable, il ne se suffit à lui-même, que parce qu’il possède le bien.

Dire que tel est le caractère du principe des êtres, c’est être dans le vrai, c’est parler conformément à la raison. Mais dire que ce principe est l’unité, ou, sinon l’unité, du moins un élément, l’élément des nombres, cela est inadmissible. Il résulterait de cette supposition plusieurs difficultés, et c’est pour y échapper que quelques-uns ont dit que l’unité était bien réellement un premier principe, un élément, mais qu’elle était l’élément du nombre mathématique. Car chaque monade est une sorte de bien, et on a ainsi une multitude de biens. De plus, si les idées sont des nombres, chaque idée est un bien particulier. D’un autre côté, peu importe quels seront les êtres dont on dira qu’il y a des idées. S’il n’y a des idées que de ce qui est bien, les substances ne seront pas des idées ; s’il y a des idées de toutes les substances, tous les animaux, toutes les plantes, tout ce qui participera des idées sera bon. Mais c’est là une conséquence absurde ; et d’ailleurs l’élément contraire, que ce soit la pluralité ou l’inégalité, ou le grand et le petit, serait le mal en soi. Aussi un