Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/318

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évident alors que les principes, les premières substances, n’ont pas été convenablement déterminés. Ceux-là ne sont pas non plus dans le vrai qui assimilent les principes de l’ensemble des choses à ceux des animaux et des plantes, et qui disent que ce qui est plus parfait vient toujours de ce qui est indéterminé, imparfait[1]. Telle est aussi, disent-ils, la nature des premiers principes ; de sorte que l’unité en soi n’est pas même un être déterminé. Mais remarquons que les principes qui produisent les animaux eux-mêmes et les plantes sont parfaits : l’homme produit l’homme. Ce n’est point la semence qui est le premier principe[2] ?

Il est absurde de dire aussi que les êtres mathématiques occupent le même lieu que les solides. Les êtres individuels ont chacun leur lieu particulier, et c’est pour cela qu’on dit qu’ils sont séparés quant au lieu ; mais les êtres mathématiques n’occupent pas de lieu : il est absurde de prétendre qu’ils occupent un lieu, sans préciser quel est ce lieu. Ceux qui soutiennent que les êtres viennent d’éléments et que les premiers êtres sont les nombres, auraient dû déterminer encore comment un être vient d’un autre, et dire de quelle manière le nombre vient des principes, par exemple s’il est le résultat d’un mélange : mais tout n’est pas mélangé, et d’ailleurs, produite par le mélange, l’unité ne sera pas un être à part, une substance indépendante, et les partisans de ces doctrines

  1. Speusippe, et probablement avec lui Xénocrate.
  2. Phys. auscult., II, 2, Bekker, p. 193,104.