Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/337

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il n’y aurait jamais production de l’être particulier ; il ne se produirait que des qualités. Or, la qualité n’est point l’essence, la forme déterminée, mais ce qui donne à l’être tel ou tel caractère… BEKKER, p. 1033 ; BRANDIS, p. 143 : Πότερον οὖν ἔστι τις σφαῖρα παρὰ τάσδε ἢ οἰκία παρὰ τὰς πλίνθους, ἢ οὐδ’ ἄν ποτε ἐγίγνετο, εἰ οὕτως ἦν, τόδε τις ἀλλὰ τὸ τοιόνδε σημαίνει, τόδε δὲ καὶ ὡρισμένον οὐκ ἔστιν,….

Nous n’avons pas besoin de remarquer qu’il s’agit de la théorie des idées ; Aristote présente sous une nouvelle forme l’argument du livre premier : Les idées sont inutiles pour la production des essences. Voyez t. I, p. 46 sqq. La seule différence qu’il y ait ici entre le texte de Brandis et de Bekker et la leçon vulgaire, c’est qu’on lisait autrefois ἀλλ’ ὅτι τοιόνδε au lieu de ἀμμὰ τὸ τοιόνδε : là n’est pas la difficulté de ce passage ; elle consiste dans la forme de la phrase. Aristote semble présenter deux cas particuliers d’un même principe ; mais, en réalité, la seconde supposition est la réponse à la question première, à la seule question que se pose le philosophe : Y a-t-il, oui ou non, des idées existant par elles-mêmes ; l’idée d’une sphère, d’une maison ? C’est avec raison qu’Alexandre d’Aphrodisée dit, en parlant du second membre de phrase, qu’Aristote y décide la question : ἐπικρίνει λέγων ἢ οὐκ ἂν ποτε…, respondet, traduit Sepulveda. Voyez Schol. in Arist., p. 752 ; Sepulv., p. 197. Il faut considérer la phrase comme un dilemme. Aristote place son lecteur entre ces deux alternatives : s’il y a des idées, les êtres sensibles ne peuvent pas arriver à l’existence ; et s’il y a des êtres sensibles, il n’y a pas d’idées : sauf à prouver un peu plus loin qu’il faut opter. C’est-là ce qui explique la répétition de ἢ et la tournure interrogative. On dirait de même en français : N’admettons-nous pas ou qu’il y a des idées, ou bien, etc. L’expression τάσδε pour désigner les sphères matérielles n’est pas nouvelle pour nous ; elle n’est pas même une expression philosophique, et on en trouve d’analogues dans la langue commune. Quant à τόδε τι, nous avons