Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/338

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déjà indiqué quelque part que cette formule était synonyme de οὐσία. Voyez t. I, p. 12. On voit ici dans quelles limites. Le τόδέ τι n’est pas une essence quelconque : Dieu esτ une essence, mais non un τόδέ τι. Le τόδέ τι se dit de l’essence de ce qui se voit ; de ce dont on peut dire : voilà ; de ce qui peut être montré du doigt, comme l’explique Alexandre. εἰς δεῖξιν πιπτόντων, Schol., p. 752, Sepulv., p. 197 ; enfin de tout ce qui est un produit de la nature ou de l’art, comme le remarque Asclépius, Schol., id ibid.

Le vieux traducteur latin a vu la difficulté, s’il ne l’a pas surmontée. Il traduit : « Utrum igitur est ne quœdam sphœra prœter has, aut domus prœter lateres, aut nunquam facta est ? Si sic, non erat hoc aliquid. » Aut nunquam facta est est un contre-sens ; mais dans si sic, dans ἦν appliqué à τόδέ τι, dans ce non même que le vieil helléniste intercale à propos, comme un souvenir du précédent nunquam, on sent qu’il a aperçu l’intention d’Aristote. Bessarion, Argyropule lui-même, ne donnent pas une idée aussi vraie du sens ; ou plutôt ils n’en donnent aucune idée, Bessarion surtout, ayant mis, ni plus ni moins, l’un et l’autre, des mots latins à la place des mots grecs.

Page 31. Je dis généralement, car il ne faut point chercher en cela une rigueur exacte : l’homme vient de l’homme il est vrai ; mais la femme aussi vient de l’homme. Il faut d’ailleurs que l’animal ait l’usage de tous ses organes : ainsi le mulet ne produit pas le mulet. BEKKER, p. 1034 ; BRANDIS, p. 145 : Οὐ γὰρ πάντα οὕτω δεῖ ζητεῖν ὡς ἐξ ἀνθρώπου ἄνθρωπος (καὶ γὰρ γυνὴ ἐξ ἀνδρός διὸ ἡμίονος οὐκ ἐξ ἡμιόνου)· ἀλλ’ ἐὰν μὴ πήρωμα ᾖ.

La phrase s’arrête pour Argyropule, ou mieux pour Sepulveda, à ἐξ ἀνδρός ; mais c’est que le traducteur en a transposé les deux derniers membres. Il les place immédiatement avant οὐ γὰρ πάντα, et dans un ordre différent de celui où les ont ran-