Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/39

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Ensuite, si les parties sont antérieures au tout, l’angle aigu étant une partie de l’angle droit, le doigt une partie de l’animal, l’angle aigu sera antérieur au droit, et le doigt antérieur à l’homme ; et cependant l’homme, l’angle droit semblent antérieurs : c’est par leur notion qu’on définit les autres choses, et ils sont encore antérieurs, parce qu’ils peuvent exister sans elles. Mais le mot partie ne s’entend-il pas de différentes manières[1] ? Une des acceptions de ce mot, c’est ce qui mesure, relativement à la quantité : laissons de côté ce point de vue ; il s’agit ici des parties constitutives de l’essence. S’il y a d’une part la matière, de l’autre la forme, et enfin l’ensemble de la matière et de la forme ; et si la matière, si la forme, si l’ensemble de ces deux choses, sont, comme nous l’avons dit, des substances, il s’ensuit que la matière est, sous un point de vue, partie de l’être, et sous un autre point de vue ne l’est pas. Les parties qui entrent dans la notion de la forme constituent seules, dans ce dernier cas, la notion de l’être : ainsi la chair n’est pas une partie du retroussé ; elle est la matière sur laquelle s’opère la production : mais elle est une partie du camus. L’airain est une partie de la statue réalisée ; mais non pas une partie de la statue idéale. C’est la forme que l’on exprime, et chaque chose se désigne par sa forme ; jamais on ne doit désigner un objet par la matière. C’est pourquoi dans la notion du cercle n’entre point la notion de ses parties[2] ; tandis que dans la notion de la

  1. On se rappelle les différentes acceptions du mot partie, liv. V, 25, t. I, p. 197, 198.
  2. Τῶν τμημάτων.