Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/43

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le cerveau s’ils jouent réellement ce rôle : peu importe du reste que ce soit l’un ou l’autre[1]. L’homme, le cheval, tous les universaux résident dans les individus ; la substance n’est pas quelque chose d’universel, c’est un ensemble, un composé de telle forme et de telle matière : la matière et la forme sont des universaux ; mais l’individu, Socrate ou tout autre, est un ensemble de la forme et de la matière.

La forme elle-même, et par forme j’entends l’essence pure, la forme a aussi des parties tout aussi bien que l’ensemble de la forme et de la matière ; mais les parties de la forme ne sont que des parties de la définition, et la définition n’est que la notion générale, car le cercle et l’essence du cercle, l’âme et l’essence de l’âme sont une seule et même chose. Mais pour le composé, par exemple pour tel cercle particulier sensible ou intelligible (par intelligible j’entends le cercle mathématique, et par sensible le cercle d’airain ou de bois), il n’y a pas de définition. Ce n’est pas par des définitions, mais au moyen de la pensée et des sens qu’on les connaît. Quand nous avons cessé de voir réellement les cercles particuliers, nous ne savons pas s’ils existent ou non ; mais cependant nous conservons la notion générale du cercle, non point une notion de sa matière, car nous ne percevons pas la matière par elle-même. La matière est ou sensible ou

  1. Nous avons déjà cité, à propos du liv. V, 1, le passage du traité de la génération des animaux, où Aristote exprime son opinion sur ce sujet. Suivant lui, c’est le cœur qui est le principe des animaux qui ont un cœur, et chez les animaux qui n’en ont pas, c’est la partie qui fait la fonction analogue à celle du cœur. Voyez t. I, p. 147.