Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/46

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parlons : de là l’impossibilité pour nous de les séparer.

La séparation semble possible, il est vrai, mais on ne voit pas clairement dans quelles circonstances, et cette difficulté, selon quelques-uns, porte même sur le cercle et le triangle. Aussi pensent-ils qu’on ne doit pas les définir par la ligne et par la continuité, lesquelles ne sont en eux qu’au même titre que la chair et les os dans l’homme, et dans le cercle la pierre et l’airain. Ils ramènent tout aux nombres, et prétendent que la définition de la ligne, c’est la notion même de la dualité.

Parmi ceux qui admettent les idées, les uns disent que c’est la dyade qui est la ligne en soi ; les autres que c’est l’idée de la ligne, car si quelquefois il y a identité entre l’idée et l’objet de l’idée, entre la dyade, par exemple, et l’idée de la dyade, la ligne n’est pas dans ce cas. Il s’ensuit alors qu’une seule idée est l’idée de plusieurs choses qui pourtant semblent hétérogènes, et c’était là qu’amenait déjà le système des Pythagoriciens ; et pour conséquence dernière la possibilité de constituer une seule idée en soi de toutes les idées, c’est-à-dire l’anéantissement des autres idées, et la réduction de toutes choses à l’unité[1].

Pour nous, nous avons marqué la difficulté relative aux définitions, et nous avons dit la cause de cette difficulté. Aussi n’avons-nous pas besoin de réduire ainsi toutes choses, et de supprimer la matière. Ce qui est probable[2], c’est que dans quelques êtres il y a

  1. Voyez au liv. I, 7, t. I, p. 52 sqq.
  2. Ἴσως. « Illud vero (forsitan) appositum est vel propter cautelam philosophis familiarem, vel quia hoc, non esse inquam ideas, paulo