Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/61

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telle maison particulière. Les substances formelles existent ou n’existent pas, indépendamment de toute production, de toute destruction. Nous avons montré que personne ne les produit, que personne ne les fait. C’est pour cela qu’il n’y a ni définition, ni démonstration des substances sensibles particulières. Ces substances ont une matière, et telle est la nature de la matière qu’elle peut ou être ou n’être pas, d’où il suit que toutes les substances sensibles particulières sont des substances périssables. Or, la démonstration s’applique à ce qui est nécessaire[1], et la définition appartient à la science ; et de même qu’il est impossible que la science soit tantôt science et tantôt ignorance, et que ce qui est dans ce cas n’est qu’une opinion[2], de même il n’y a pas non plus de démonstration ni de définition, mais une opinion concernant ce qui est susceptible d’être autrement qu’il n’est. Les substances sensibles ne doivent donc évidemment avoir ni définition, ni démonstration. Les êtres périssables ne se manifestent plus à la connaissance, quand ils sont hors de la portée des sens, et dés lors, bien que les notions substantielles se conservent dans l’âme, il ne peut plus y avoir ni définition, ni démonstration de ces êtres. Aussi faut-il que ceux qui servent de définitions sachent bien que toujours on peut supprimer la définition d’un être particulier, n’y ayant pas possibilité de définir véritablement ces êtres.

Ce n’est pas tout : aucune idée n’est susceptible de

  1. Voyez Aristote, Analyt, posterior., I, 6, Bekker, p. 74.
  2. Δόξα.