Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/63

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arriver à la connaissance ? Il y aurait une idée particulière qu’il serait impossible d’appliquer à plus d’un individu. Or, dans le système, au contraire, toute idée est susceptible de participation avec les êtres.

Ainsi donc que nous l’avons dit, on ne s’aperçoit pas qu’il y a impossibilité de définir les êtres éternels, et surtout ceux qui sont uniques, tels que le soleil et la lune. C’est une erreur que d’ajouter des caractères dont la suppression n’empêcherait pas qu’il y eût encore un soleil, les épithètes : Qui fait le tour de la terre[1], Qui se cache durant la nuit[2], par exemple. Sans cela, le soleil s’arrêtant, ou apparaissant durant la nuit, il n’y aurait plus de soleil ; or, il serait absurde qu’il n’y en eût plus, car le soleil est une substance[3]. Ensuite, ces caractères peuvent convenir à d’autres êtres ; et si un autre être le possède, cet être sera le soleil : il y aura communauté de définition[4]. Or, il a été admis que le soleil est un être particulier, comme Cléon, comme Socrate. Enfin pourquoi aucun de ceux qui admettent les idées, n’en donne-t-il une définition ? On verrait clairement, s’ils essayaient de le faire, la vérité de ce que nous venons de dire.

  1. Περὶ φῆν ἰόν.
  2. Νυκτικρυφός.
  3. Il faut compléter la phrase et l’idée d’Aristote, en ajoutant : Et ce ne sont là que des caractères accidentels, et non pas essentiels de cette substance.
  4. « Si, outre ce monde, il y a encore d’autres mondes, comme le pensait Démocrite, les soleils, dans ces autres mondes, feraient aussi le tour de la terre, se cacheraient comme le nôtre pendant la nuit ; et par conséquent leur notion serait identique, dans l’hypothèse, à la notion de notre soleil. » Alex., Schol., p. 769 ; Sepulv., p. 215.