Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/65

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La substance de l’unité est une et les êtres dont la substance est une en nombre, sont, numériquement un seul être. On voit, puisqu’il en est ainsi, que ni l’unité, ni l’être ne peuvent être substance des choses, et, pas plus qu’eux, l’élément ni le principe. Quand nous demandons : Quel est le principe ? c’est ce que nous voulons, ramener l’objet en question à un terme plus connu. L’être et l’unité ont plus de titre à être substance des choses que le principe, l’élément, la cause ; et pourtant eux-mêmes ils ne le sont pas. Rien n’est substance, qui est commun aux êtres ; la substance n’existe dans aucun autre être que dans elle-même, et dans l’être auquel elle appartient, dont elle est la substance. D’ailleurs ce ne serait pas en même temps que l’unité serait substance dans plusieurs êtres ; or, il faut que ce qui est commun à tous les êtres se trouve en même temps dans chacun d’eux.

Il est donc évident que rien d’universel n’a une existence isolée des êtres particuliers. Toutefois, ceux qui admettent les idées ont raison dans un sens de leur donner une existence indépendante puisque ce sont des substances. Mais dans un autre sens ils ont tort de faire de l’idée une unité dans la pluralité. La cause de leur erreur, c’est l’impossibilité où ils sont de dire quelle est la nature de ces substances impérissables, qui sont en dehors des substances particulières et sensibles. Aussi font-ils ces substances à l’image des substances périssables, de celles que nous connaissons : c’est l’homme en soi, le cheval en soi ; ils ne font qu’ajouter à l’être sensible l’expression, en