Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/86

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ne serait qu’une privation, une corruption contre nature ? Une difficulté encore, c’est de savoir pourquoi le vin n’est ni la matière du vinaigre, ni le vinaigre en puissance, bien que ce soit du vin que provient le vinaigre. Et le vivant est-il un cadavre en puissance, ou bien cela n’est-il point, et toute destruction n’est-elle qu’un accident ?

Or, c’est la matière même de l’animal qui est, en puissance, le cadavre, par le fait de la destruction, en un mot la matière du cadavre ; c’est l’eau qui est la matière du vinaigre. Le vinaigre et le cadavre viennent de l’eau et de l’animal, comme la nuit vient du jour. Dans tous les cas où il y a, comme ici, transformation réciproque, il faut que dans la transformation les êtres reviennent à leurs éléments matériels. Pour que le cadavre devienne un animal, il doit d’abord repasser par l’état de matière ; puis, à cette condition, il pourra devenir un animal. Il faut que le vinaigre se change en eau pour devenir vin ensuite.

VI.

Nous avons indiqué une difficulté relativement aux définitions et aux nombres[1]. Quelle est la cause de

  1. Plus haut, ch. 3 de ce livre, p. 72.