Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

V.

Il y a des êtres qui existent ou n’existent pas, sans qu’il y ait pour eux ni production, ni destruction : tels sont les points, s’il y a réellement des points ; telles sont aussi les formes et les figures. Ce n’est pas le blanc lui-même qui devient, c’est le bois, qui devient blanc. Et tout ce qui se produit provient de quelque chose et devient quelque chose. Il suit de là que les contraires ne peuvent pas tous provenir les uns des autres. L’homme noir devient un homme blanc d’une autre manière que le noir ne devient blanc. Ce ne sont pas non plus tous les êtres, qui ont une matière, mais seulement ceux pour lesquels il y a production, et qui se transforment les uns dans les autres. Tous les êtres qui existent ou n’existent pas, sans être soumis au changement, ces êtres n’ont pas de matière.

Mais une difficulté se présente. Comment la matière de chaque être se comporte-t-elle relativement aux contraires ? Quand le corps, par exemple, a la santé en puissance, la maladie étant le contraire de la santé, est-ce en puissance que l’une et l’autre se trouvent dans le corps ? Est-ce en puissance que l’eau est vinaigre et vin ? Ou bien l’un des contraires est-il l’état habituel et la forme de la matière, tandis que l’autre