Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/9

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la substance, c’est l’être particulier qui apparaît sous les divers attributs. Bon, assis, ne signifient rien sans cette substance. Il est donc évident que l’existence de chacun de ces modes dépend de l’existence même de la substance. D’après cela, la substance sera l’être premier ; non point tel ou tel mode de l’être, mais l’être pris dans son sens absolu.

Premier s’entend dans différents sens[1] : toutefois la substance est absolument première sous le rapport de la notion, et de la connaissance, et du temps, et de la nature. Aucun des attributs de l’être ne peut être séparé ; seule, la substance a ce privilége, et c’est en cela que consiste sa priorité sous le rapport de la notion. Dans la notion de chacun des attributs il faut nécessairement qu’il y ait la notion de la substance elle-même ; et nous croyons connaître bien mieux chaque chose lorsque nous savons quelle est sa nature, par exemple ce que c’est que l’homme ou le feu, que lorsque nous savons quelle est sa qualité, sa quantité, le lieu qu’elle occupe. Pour chacun de ces modes eux-mêmes nous n’en avons une connaissance parfaite que lorsque nous savons en quoi il consiste, ce que c’est que la quantité ou la qualité. Ainsi l’objet éternel de toutes les recherches, et passées et présentes, cette question éternellement posée : Qu’est-ce que l’être ? se réduit à celle-ci : Qu’est-ce que la substance ?

Les uns disent qu’il n’y a qu’un être, les autres, plusieurs ; ceux-ci qu’il n’y en a qu’un certain nombre, ceux-là, une infinité. Nos recherches, à nous

  1. Liv. V, 11 ; t. I, p. 174 sqq.