Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elles expliquent l’un en lui-même ; ce n’est qu’accidentellement, si je puis dire, qu’elles traitent de l’autre. C’est par la négation qu’elles montrent le contraire, c’est en le faisant disparaître[1]. La privation première d’un objet c’est, en effet, son contraire ; or, cette privation première, c’est la suppression de l’objet.

Les contraires ne se produisent pas dans le même être ; mais la science est une puissance en tant qu’elle contient la raison des choses, et il y a dans l’âme le principe du mouvement. Ainsi donc le sain ne produit que la santé, le chaud que la chaleur, le froid que la froidure, tandis que celui qui sait produit les deux contraires. La science connaît l’un et l’autre, mais d’une manière différente. Car la notion des deux contraires se trouve, mais non point de la même manière, dans l’âme qui a en elle le principe du mouvement ; et du même principe, l’âme, tout en ne s’appliquant qu’à un seul et même objet, fera sortir l’un et l’autre contraire. Les êtres rationnellement puissants sont donc dans un cas contraire à ceux qui n’ont qu’une puissance irrationnelle : il n’y a dans la notion de ces derniers qu’un principe unique.

Il est clair que la puissance du bien emporte toujours l’idée de la puissance simplement active ou passive ; mais elle n’accompagne pas toujours celle-ci. Celui qui fait bien, nécessairement fait, tandis que celui qui fait seulement, ne fait pas nécessairement bien.

  1. Ἀποφορᾷ.