Page:Arjuzon - Une seconde mère, 1909.djvu/101

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silence, d’un air pensif, et entra dans la chambre de Gina.

La pauvre petite était assise dans son lit, les joues en feu, l’air égaré et elle paraissait s’entretenir avec quelqu’un d’invisible.

Les mots, la plupart du temps, étaient inintelligibles, mais cependant on distinguait parfois : « poissons… papillons… verre cassé », et puis revenait souvent : « papa ne grondez pas Jacques, surtout ne le grondez pas. »

« C’est le délire », dit le docteur à mi-voix.

Jacques était terrifié.

Lison s’était levée toute droite, en voyant entrer le docteur et, saisie, tremblante, restait clouée au pied du lit sans oser faire un mouvement.

Le docteur prit le poignet de l’enfant, tira sa montre pour compter les pulsations, puis, comme tout à l’heure, il hocha la tête sans rien dire, le front barré d’un pli soucieux, et, se tournant vers Lison, il lui dit sévèrement :

« Vous avez bien tardé à me faire appeler. Qu’avez-vous fait jusqu’ici pour la malade ? »