Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/63

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Rhin était entourée de 200 000 ennemis ; une armée de 80 000 hommes était aux environs de Verdun sous les ordres du prince de Saxe, enfin le prince de Prusse arrivait auprès de Vitry-le-François à la tête de 150 000 hommes. Il déclara que s’il ne recevait pas de nouvelles instructions du maréchal Bazaine, il se dirigerait le lendemain sur Paris.

Dans l’opinion même de nos ennemis, c’était le plan que nous devions suivre. En se repliant lentement sur Paris, on retardait les progrès de l’invasion et on pouvait venir livrer une grande bataille défensive sous les murs de la capitale, soutenus par ses immenses ressources et ayant, en cas de revers, son enceinte pour refuge. Dans ces conditions, une défaite n’aurait pas eu de trop graves inconvénients et la présence de l’armée eût rendu impossible l’investissement de la ville.

L’Empereur ne fit aucune objection à ce plan. M. Rouher céda. Les ordres du mouvement dans la direction de Paris allaient être distribués, le 22, quand le maréchal de Mac-Mahon reçut une dépêche de Bazaine, en date du 19 août. Elle se terminait par ces mots : « Je compte toujours prendre la direction du nord et me rabattre par Montmédy sur la route de Sainte-Menehould à Châlons, si elle n’est pas fortement occupée. Dans ce cas, je continuerais sur Sedan et même Mézières pour gagner Châlons. »

Cette dépêche décida tout. Le maréchal Bazaine devait avoir commencé son mouvement. On ne pouvait le laisser écraser par des forces supérieures sans essayer au moins de le soutenir. Le maréchal de Mac-Mahon se décida à exécuter une opération de guerre demandée avec passion par l’opinion publique, appuyée par le ministre de la guerre et prescrite à