Page:Armand - L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade, 2016.djvu/13

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soumettre.

Et il n’y a pas de différence entre se soumettre à payer l’impôt, se soumettre à l’exploitation et se soumettre au service militaire.

Que la majeure partie des anarchistes se soumettent, c’est entendu. « On obtient davantage de la légalité en rusant avec elle, en la trompant, qu’en la bravant de front. » C’est exact. Mais l’anarchiste qui ruse avec la loi n’a à faire ni le fier ni le mariole, Ainsi faisant, il échappe aux dangereuses conséquences de l’insoumission, aux bagnes, au « plus abject des esclavages ». Mais s’il n’a pas à subir tout cela, l’anarchiste soumis a à compter avec la « déformation professionnelle » ; à force d’être extérieurement conformes à la loi, nombre d’anarchistes finissent par ne plus réagir du tout et passer de l’autre côté de la barricade. Il faut un tempérament exceptionnel pour ruser avec la loi sans se laisser prendre dans le filet de la légalité !

Quant à l’anarchiste-producteur dans le milieu économique actuel, c’est un mythe. Où sont les anarchistes qui produisent des valeurs antiautoritaires ? Presque tous les anarchistes concourent par leur production à maintenir l’état de choses économique. On ne me fera jamais croire que l’anarchiste qui construit prisons, casernes, églises ; fabrique armes, munitions, uniformes ; imprime codes, journaux politiques, livres religieux, les manutentionne, les transporte, les vend, fait de la production anti-autoritaire. Même l’anarchiste qui confectionne des objets de première nécessité à l’usage des électeurs et des élus ment à ses convictions.

Il n’échet pas non plus à des propagandistes verbaux ou hommes de plume d’accuser les individualistes obscurs de retirer du bénéfice matériel de leurs idées. Ne comptent-ils pour rien le bénéfice « moral » et parfois pécuniaire que leur