Page:Armand - L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade, 2016.djvu/6

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promiscuité d’humanités dont la fréquentation lui est antagoniste. Voilà pourquoi l’anarchiste illégaliste dénie à celui qui fait un travail qui lui plaît de porter un jugement sur sa profession en marge de la loi.

Tous ceux qui font une propagande écrite ou orale à leur goût, tous ceux qui exercent une profession qui leur convient, oublient trop souvent qu’ils sont des privilégiés par rapport à la grande masse des autres, leurs camarades, ceux qui sont contraints de s’atteler du matin au soir, et du premier janvier à la Saint-Sylvestre, à des tâches pour lesquelles ils ne se sentent aucun goût. (1)

L’anarchiste illégaliste prétend qu’il est tout autant un camarade que le petit commerçant, le secrétaire de mairie ou le maître de danse qui ne modifient en rien et pas plus que lui les conditions de vie économique du milieu social actuel. Un avocat, un médecin, un instituteur peuvent envoyer des articles à un journal anarchiste et faire des causeries dans de petits cercles libertaires, ils n’en restent pas moins les soutiens et les soutenus du système archiste, qui leur a délivré le monopole leur permettant d’exercer leur profession et aux réglementations duquel ils sont obligés de se soumettre s’ils veulent continuer leur métier.

Il n’est pas exagéré de dire que tout anarchiste qui accepte d’être exploité au compte d’un patron particulier ou du patron-État, commet un acte de traîtrise à l’égard des idées anarchistes. En effet, dans tous les cas, il renforce la domination et l’exploitation, il contribue à maintenir l’archisme en existence. Sans doute, prenant conscience de ses inconséquences, il s’efforce de racheter ou de réparer sa façon de se conduire en faisant de la propagande ; mais quelle que soit la propagande que fasse un exploité,