Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/166

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Il se revoit lui-même avec ses yeux limpides
Dans la chambre où l’or clair dune lumière luit ;
Il voudrait retenir encor ces jours rapides
Que le temps implacable emporte dans la nuit.

Et les brises du soir par la terre envoyées
Sont celles qui plaisaient à ses lèvres d’enfant...
Mais le navire part... Ses voiles éployées
Planent sur les flots bleus comme un oiseau géant.

L’exilé qui s’en va tend son âme éperdue
Vers la cité de rêve où vivait le bonheur ;
Il frissonne devant la sinistre étendue
De l’eau sombre où s’attarde une blême lueur.
 
Et moi, moi que la vie emporte et qui soupire
Vers le frêle bonheur des choses d’ici-bas,
Je tressaille en voyant ma jeunesse sourire,
Gardienne d’un trésor qu’elle ne rendra pas.