Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
161
SI TU M’AVAIS AIMÉE

Ô cher passé qui viens me caresser la joue,
Je te sens près de moi si palpitant, si chaud.
Que je veux te saisir, et que mon bras se noue
A ton bras, pour garder ta douceur qu’il me faut.

Hélas ! lu n’es qu’une ombre, et cette ombre s’efface
Dans la brume où s’éteint la lumière du port ;
Mes yeux n’en peuvent plus déjà suivre la trace :
Il faut partir vers la douleur et vers la mort.

Et cependant parfois de blanches clartés luisent
Sur la mer menaçante où le navire fuit ;
Les rouges feux mouvants des phares nous séduisent
Dans le havre où sa course errante nous conduit.

Mais malgré leur beauté divine et leur magie,
Je reste inconsolée et seule sur le pont ;
Je sens une indicible et lourde nostalgie
Soupirer dans le chant triste du flot profond.