Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/19

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Et devant votre masse hostile, menaçante,
Plus lourde qu’un rempart fait de bronze et d’airain,
J’ai regardé ma main, frêle, douce, impuissante ;
J’ai compris qu’à ce mur je l’userais en vain.

Et, parce que j’avais un cœur tendre et sauvage,
Silencieusement sur mon bras replié
J’ai su cacher les pleurs qui baignaient mon visage ;
Pour un peu de secours je n’ai point supplié.

Je me suis relevée ! Entre ces blocs de pierres
J’ai dit : Je resterai seule avec ma douleur !
Nul être n’entendra mes regrets, mes prières ;
Je ne frapperai plus à la porte d’un cœur.

Mais je saurai bâtir avec ce granit sombre
La tranquille maison où je viendrai m’asseoir
Lorsque le crépuscule, avec sa robe d’ombre,
Rôde comme un voleur embusqué dans le soir.