Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/18

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Nulle âme n’est venue apporter à mon âme
Tout l’infini d’amour qu’il nous faut pour remplir
La courte immensité de ce tragique drame :
Un long devoir, à peine un jour pour l’accomplir.

Et pourtant nous vivons séparés, solitaires ;
Un abîme se creuse à chacun de nos pas ;
Nous demandons du pain, on nous donne des pierres,
Et l’être le plus cher un jour ne répond pas.

Les mains, les chères mains pieusement aimées,
Dont le travail faisait mon avenir si beau,
Ont laissé retomber, pour toujours refermées,
Sur mon âme d’enfant la pierre d’un tombeau.

Ô pierres de la mort et de l’indifférence,
De l’amour égoïste et du désir brutal,
Blocs sombres de la haine et de la violence,
Vous barrez le chemin tracé vers l’idéal.