Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/45

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J’aime ! Ah ! j’ai bien compris ce que cela demande
D’entier renoncement et de complète offrande !
Je sais que pour l’amour il faut tout oublier !
Il faut lui dévouer une âme généreuse
Qui saurait, pour aimer, se passer d’être heureuse,
Et si haute que rien ne la fera plier.

Je sais qu’il faut avoir tout donné de soi-même
Avant de prononcer le mot sacré : Je t’aime !
Et déjà, mon amour, votre main m’a tout pris :
Ma paix et mon repos, mon cœur et ma pensée,
Mon âme, désormais à la vôtre enlacée,
Et ma vie, attendant de vous son plus haut prix.

Et j’ai perdu, ce soir, un peu de ma sagesse,
Puisque je lui préfère un rêve de tendresse.
Je la vois s’en aller avec un grave émoi…
Mais cet amour me fait une vertu plus forte :
La douleur avec lui frappe au seuil de ma porte,
Et c’est en souriant qu’elle avance vers moi.