Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/59

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il fait tirer le canon. La tête des colonnes prussiennes est ébranlée, leur flottement annonce du désordre, et bientôt de nouvelles décharges forcent l’ennemi de renoncer à son attaque.

C’est ainsi qu’après avoir, dans la journée du 20 septembre, résisté avec ses vingt-deux-mille hommes aux attaques réitérées de plus de quatre vingt-dix-mille Prussiens, Kellermann les obligea de rentrer dans leurs premières lignes, et par la manœuvre rapide et hardie du changement de position qu’il fait dans la nuit du 20 au 21, força l’ennemi à rester dans une situation où les vivres lui manquant, il fut réduit à battre en retraite. Immortelle journée de Valmy ! Tu décidas véritablement qu’il y aurait une France ; et le héros qui a présidé à cette noble journée a bien mérité de l’ajouter à son nom ; il a pu demander que son cœur reposât sur la terre glorieuse sauvée par son courage !

Celui dont l’histoire présente un fait d’armes aussi éclatant, aurait dû mourir le jour même du 20 septembre, et la vie du général eût pu être regardée comme complète ; mais elle n’a pu l’être aux yeux d’un guerrier citoyen, tant qu’il restait quelque chose à faire pour la défense de sa patrie. Aussi les vingt-huit années qu’eut encore à parcourir le général Kellermann, présentent-elles une suite de services de la plus haute importance. Lorsqu’il fut militaire, il n’a pas cessé d’être citoyen, et lorsqu’il a été restreint à des fonctions purement civiles, il a doublement prouvé, par la pureté de ses votes, combien il aimait la liberté.


Nota. M. le maréchal KELLERMANN, duc de Valmy, est mort le 13 septembre entre les bras de ses enfans et de son gendre.

Son cœur, ainsi qu’il en avait exprimé la volonté, a