Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/148

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tions qu’on peut appeler incidentes, qui ne font que partie du sujet ou de l’attribut, y étant jointes par le pronom relatif, qui, lequel, dont le propre est de joindre ensemble plusieurs propositions, en sorte qu’elles n’en composent toutes qu’une seule.

Ainsi, quand Jésus-Christ dit : Celui qui fera la volonté de mon Père qui est dans le ciel, entrera dans le royaume des cieux, le sujet de cette proposition contient deux propositions, puisqu’il comprend deux verbes ; mais comme ils sont joints par des qui, ils ne font que partie du sujet : au lieu que quand je dis : Les biens et les maux viennent du Seigneur, il y a proprement deux sujets, parce que j’affirme également de l’un et de l’autre qu’ils viennent de Dieu.

Et la raison de cela est, que les propositions jointes à d’autres par des qui, ou ne sont des propositions que fort imparfaitement, selon ce qui sera dit plus bas, ou ne sont pas tant considérées comme des propositions que l’on fasse alors, que comme des propositions qui ont été faites auparavant, et qu’alors on ne fait plus que concevoir, comme si c’étaient de simples idées. D’où vient qu’il est indifférent d’énoncer ces propositions incidentes par des noms adjectifs ou par des participes sans verbes et sans qui, ou avec des verbes et des qui ; car c’est la même chose de dire : Dieu invisible a créé le monde visible, ou Dieu qui est invisible, a créé le monde qui est visible. Alexandre, le plus généreux de tous les rois, a vaincu Darius, ou Alexandre, qui a été le plus généreux de tous les rois, a vaincu Darius : et dans l’un et dans l’autre cas, mon but principal n’est pas d’affirmer que Dieu soit invisible, ou qu’Alexandre ait été le plus généreux des rois ; mais, supposant l’un et l’autre comme affirmé auparavant, j’affirme de Dieu conçu comme invisible, qu’il a créé le monde visible, et d’Alexandre conçu comme le plus généreux de tous les rois, qu’il a vaincu Darius.

Mais si je disais : Alexandre a été le plus généreux de tous les rois et le vainqueur de Darius, il est visible que j’affirmerais également d’Alexandre, et qu’il aurait été le plus généreux de tous les rois, et qu’il aurait été le vainqueur de Darius. Et ainsi c’est avec raison qu’on appelle ces dernières sortes de propositions des propositions composées, au lieu qu’on peut appeler les autres des propositions complexes.

Il faut encore remarquer que ces propositions complexes peuvent être de deux sortes : car la complexion, pour parler ainsi, peut tomber ou sur la matière de la proposition, c’est-à-dire sur le sujet ou sur l’attribut, ou sur tous les deux, ou bien sur la forme seulement.

1o La complexion tombe sur le sujet, quand le sujet est un terme