Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/221

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Bar- Tous les miracles de la nature sont ordinaires ;
ba- Tout ce qui est ordinaire ne nous frappe point :
ri. Donc il y a des choses qui ne nous frappent point, qui sont des miracles de la nature.
Ca- Tous les maux de la vie sont des maux passagers.
len- Tous les maux passagers ne sont point à craindre :
tes. Donc nul des maux qui sont à craindre n’est un mal de cette vie.
Di- Quelque fou dit vrai ;
ba- Quiconque dit vrai mérite d’être suivi :
tis. Donc il y en a qui méritent d’être suivis, qui ne laissent pas d’être fous.
Fes- Nulle vertu n’est une qualité naturelle ;
pa- Toute qualité naturelle a Dieu pour premier auteur :
mo. Donc il y a des qualités qui ont Dieu pour auteur, qui ne sont pas des vertus.
Fri- Nul malheureux n’est content ;
se- Il y a des personnes contentes qui sont pauvres :
som. Il y a donc des pauvres qui ne sont pas malheureux.

Il est bon d’avertir que l’on exprime ordinairement ces cinq modes en cette façon : Baralipton, Celantes, Dabitis, Fespamo, Frisesomorum ; ce qui est venu de ce qu’Aristote n’ayant pas fait une figure séparée de ces modes, on ne les a regardés que comme des modes indirects de la première figure, parce qu’on a prétendu que la conclusion était renversée, et que l’attribut en était le véritable sujet. C’est pourquoi ceux qui ont suivi cette opinion ont mis pour première proposition celle où le sujet de la conclusion entre, et pour mineure celle où entre l’attribut.

Et ainsi ils ont donné neuf modes à la première figure, quatre directs et cinq indirects, qu’ils ont renfermés dans ces deux vers :

Barbara, Celarent, Darii, Ferio, Baralipton,
Celantes, Dabitis, Fespamo, Frisesomorum.

Et pour les deux autres figures :

Cesare, Camestres, Festino, Baroco, Darapti,
Felapton, Disamis, Datisi, Bocardo, Ferison.

Mais comme la conclusion étant toujours supposée, puisque c’est ce qu’on veut prouver, on ne peut pas dire proprement qu’elle soit jamais